Entre les deux, on compte presque deux siècles et 18 sites ou arènes installés ou construits dans Marseille,et dans lesquels des générations de Marseillais ont pu assister, bien sûr, à des corridas, mais aussi a de très nombreuses courses provençales, presque une spécialité marseillaise, à des manifestations équestres et même à des combats de boxe.

Pour autant, la finalité d'une arène étant de recevoir des taureaux, ces derniers se sont promenés dans toute la ville au gré de constructions plus ou moins durables et plus ou moins tauromachiques.

Il y a d'abord les arènes,les vraies. Les premières faites pour durer un tant soi peu sont celles en bois installées en 1881 sur l'avenue du Prado, a la hauteur de la rue du Rouet, et naturellement baptisées Arènes du Rouet.

 Elles ne durent vraiment pas puisqu'elles s'effondrent le jour de l'inauguration, faisant 27 morts et 174 blesses graves. C'est a ce seul titre qu'elles restent dramatiquement célèbres dans l'histoire de la ville.


Plus durables, sont celles des Catalans, édifiées dans le  quartier du même nom,pas très loin de la plage.
Baptisées Arènes Provençales, elles présentent, de 1889 a 1896. différents spectacles taurins qui n'ont pas laisse de souvenirs impérissables.
Celles qu'on surnomme Arène Baccuet du nom de la traverse où elle se situent, qui serait aujourd'hui sur l'emplacement du Boulevard Lord Duveen, mais qui s'appellent en fait Nouvelles Arènes Marseillaises sont inaugurées le 23 Juillet 1899.

Là encore les choses se présentent mal, puisque le 30 Juillet, c'est le public mécontent de la corrida qui met le feu aux gradins.

Cela vaut aux arènes deux ans d'interdiction. C'est en fait la guerre de 1914 qui voit la fermeture de cette photo marseillaise,
dans laquelle malgré tout se sont produits quelques grands noms de la tauromachie de l'époque. Quarante et un ans plus tard, le 16 avril 1955, sont inaugurées les Arènes du Parc Borél ou de Bonneveine, qui sont installées avenue Clot-Bey et peuvent contenir jusqu'à 9000 spectateurs.
Elles manquent certes d'allure, mais sont les dernières grandes arènes de la ville, et c'est sur leur sable que l'on peut voir la plupart des grands maestros de la seconde moitié du siècle.
Elles ferment le 6 septembre 1959, sont démontées et le bois est vendu a un entrepreneur. Mais il n'y a pas toujours eu de vraies arènes à Marseille
et l'on a pu voir à différentes époques des spectacles taurins dans des endroits aussi divers qu'inattendus : à côte de la place Castellane en 1819,
puis sur la place Jules Guesde en 1834, au Château des Fleurs sur l'actuel boulevard Michelet en 1861, et en 1872 au nord de la Porte d'Aix. On peut même assister en 1878, à trois représentations taurines dans un théâtre, le Théâtre Valette situé alors dans la rue Paradis.

C'est, à ma connaissance, le seul théâtre ayant tente l'expérience, pour le moins surprenante, de la tauromachie. Encore faut-il faire exception des taureaux apparus sur la scène de l'Alcazar pour les représentations de Lo tamenca et sur celles du Palais de Cristal.


Dans les années 50, on torée même dans les stades : celui de l'Huveaune, qui abrite alors l'0lympique de Marseille, et celui de la S.N.C.F. a Saint Barthélemy.

On torée aussi au Parc Chanot, dans le Palais des Expositions et, en 1992, on voit ressurgir des taureaux, certes petits, à la Fiesta des Docks.
En fait, il n'y a qu'une seule grande plaza de toros à Marseille, celle du rond-point du Prado.
Construite cette fois, et située sur l'actuel boulevard Edouard Herriot qui s'appelle alors judicieusement
boulevard des Arènes.

C''est une enceinte de 15000 places, entourée de platanes et munie de tribunes couvertes qui est inaugurée le 17 juillet 1887. Seules arènes bàties que connaît notre ville, c'est sur leur piste, plus ovale que ronde, que la tauromachie marseillaise vit ses plus grands moments.

C'est en 1951, que les Arènes du Prado, victimes de l'expansion urbaine et de la spéculation immobilière, vont fermer. La seule véritable plaza de toros de Marseille a fonctionne pendant soixante- quatre ans. Cette multitude de lieux, dont certains plus que bizarres, est évidement très paradoxale.

Elle est à la fois le symptôme d'une ville dont les traditions taurines ne sont pas profondément ancrées, et en même temps révélatrice d'une volonté affichée, parfois farouchement, de voir des taureaux à Marseille.
Ce qui est évident, c'est que la tauromachie est étroitement et profondément liée à un lieu ; à Marseille, elle s'est vécue trop longtemps de quartiers en quartiers,'enceintes hâtivement installées en arènes de récupération.

II est significatif que les plus belles années de son histoire aient été celles du Prado.
Alors si Marseille n'a pas aujourd'hui les arènes dont ont rêve des générations d'afcionodos, ne serait-ce pas finalement la faute de Jules César qui n'a pas ici jugé utile de construire l'amphithéàtre romain qui nous fait défaut ?

GILLES DIENST

 




                    


 


 

 

 

 

 

 

 

 

 


  Repères chronologiques 

1770     1er spectacle taurin au lieu dit La Plaine Saint Michel ; actuellement La Plaine.


1872      8 septembre :1ère mise à mort involontaire à la baïonnette par deux soldats.


1881      14 août : effondrement des arènes du Rouet, situées avenue du Prado.On dénombre 415 victimes dont   27 morts et 174 blessés graves.


1887     17 juillet : inauguration des Arènes du Prado, sur l’actuel Boulevard Edouard Herriot, devant 12 000 spectateurs.


1889      30 mai : Inauguration des Arènes des Catalans.


1891       2 août : Luis Mazzantini à Marseille, toujours sans mise à mort.


1893      6 août :17 h 30 : Première estocade marseillaise par Julio Aparici “Fabrilio” aux arènes du Prado, à un taureau castaño nommé Tesubo.: une oreille.


1898     15 mai : la première corrida intégrale. 6 Concha y Sierra pour “ Lagartijillo” et Reverte.


1899      23 juillet :inauguration des arènes de la traverse Baccuet, appelées “Nouvelles Arènes du Rouet” ou “Arènes Marseillaises”, qui contiennent 12 000 places assises et 3000 debout.


1905      14 mai : Inauguration de la troisième plaza de Marseille sur le boulevard Michelet, face à l’actuel Stade Vélodrome. Pendant quelques mois les trois arènes vont fonctionner simultanément.


1932      L’année du record de France : 110 toros sont estoqués à Marseille.


1941       19 octobre : Arènes du Prado, Emilio Soler “Canario” est tué sur le coup par un taureau de Lescot .


1951       21 octobre : fermeture définitive des arènes de Prado.


1955      16 avril : Inauguration des Arènes du Parc Borély, ou Arènes de Bonneveine


1957       Mai: Création en mai par Gaston Deferre d’une commission tauromachique

              8 septembre : débuts en France de Diego Puerta, novillero.
 

1958        22 juin : mémorable corrida de “ l’Oreille d’ Or “ avec Antonio Ordoñez, Carvajal et Pépé Cacéres. Ce dernier combattra “ Enderoso”, qui fut de l’avis général le toro le plus brave combattu à Marseille, et dont Picasso fit naturaliser la tête.
 

1962       3 juin : dernière corrida intégrale.

               1er juillet : la tauromachie à Marseille prend fin au boulevard de Paris devant moins de 1200 personnes.


 


Au-delà de la sélection de documents présentés ci-dessus, le travail sur “Marseille et les Toros” constitue une importante collection de documents, dont certains sont propriété d’Arte y Toro, d’autres étant localisés dans différentes collections publiques ou privées.

Ce travail peut donner lieu à des collaborations avec d’autres organismes.

Il est également possible d’obtenir des reproductions numériques de documents rares, photos ou affiches.

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