E X P O S I T  I O N

 

 

 

 

 

Il y a déjà longtemps que les liens unissant des peintres, des écrivains, des poètes, des dramaturges, ou des cinéastes aux choses de l’arène ne sont plus un mystère. De par ce qu’il véhicule, le taureau a inspiré à de nombreux artistes une part importante de leur travail.

Il est une discipline ou cette relation est moins connue, voire totalement méconnue, c’est le 9e art ou Bande dessinée. Moyen graphique d’expression populaire, la bande dessinée ne pouvait évidemment pas ignorer le taureau dont l’irruption sur la page est censée provoquer le rire ou la peur selon le genre dans lequel on se situe.

Ainsi depuis le début du siècle et l’arrivée de la bande dessinée moderne nombre de grands héros de papier se sont trouvés, volontairement ou pas, confrontés à l’animal mythique.

On a pu ainsi voir Mickey, Pif le chien, Rahan, les Pieds Nickelés, Astérix, ou encore Tarzan, dont les scénaristes n’hésitent pas à dire « qu’il a plus de style que le grand Manolete », toréer dans des styles et des époques très diverses, tandis que d’autres, peut être moins hardis ou moins aficionados, s’enfuyaient devant la charge d’un taureau furieux. 

Ce qui est d’autant plus curieux c’est que le genre ne touche pas comme on pourrait d’abord le supposer, les « historieras » hispaniques, mais que le phénomène est beaucoup plus présent dans la bande dessinée américaine et franco-belge, preuve, s’il en était besoin, que cette culture du taureau va bien au-delà du seul sud.

 

Ainsi taureau et bande dessinée, univers différents de par les origines et les évolutions, et dont on annonce régulièrement les déclins respectifs, se croisent, se coupent, et se rejoignent sur un terrain qui leur est commun, celui des cultures populaires. 

 

 

 

 

La Collection Viallat         

 

 

 

 

Pour une large majorité d’amateurs d‘art, Claude Viallat, est ce grand peintre contemporain dont l’univers est rythmé par des alignements de formes abstraites tirant entre le haricot et un osselet vu de profil.

 

Pour ceux qui sont en outre aficionados, il est ce formidable “transformeur“ de modestes planches, couvercles, fonds de tonneaux et portes de placards, en autant de dessins, peintures représentant des taureaux dont certains auraient pu êtres découverts dans des grottes du paléolithique.

Et c’est peut-être là que se dévoile un aspect méconnu de l’artiste : sa passion pour la bande dessinée, et naturellement son attirance particulière pour celle qui utilise des images de taureaux.

Les chercheurs qui travailleront un jour sur les rencontres entre une part du travail de Claude Viallat et les premières bandes dessinées que sont les gravures rupestres en tireront des conclusions. Ce n’est pas notre propos.

 

Pour autant, il amasse depuis bientôt cinquante ans, tout ce que le 9e art a pu produire de cases et planches mettant en scène des taureaux, des buffles et autres cornus belliqueux. Cela représente aujourd’hui quelque chose comme huit cents albums, journaux, fascicules ou petits formats, qui constituent naturellement un ensemble cohérent et tout à fait unique.

C’est pratiquement un siècle de bandes dessinées, américaines, franco-belges, voire italiennes qui se trouve rassemblé, fruit d’un énorme travail de recherche et de patience. Illustrations à l’ancienne sur papier journal, comic strip, ou albums modernes cohabitent autour de ce thème commun : la représentation d’un taureau.

 

Les raisons de mettre en valeur et en lumière à travers une exposition une telle collection sont évidentes :

Elle est unique et originale de par son thème et son importance.

Elle ouvre une réflexion sur deux univers a priori éloignés, mais qui sont de formidables miroirs de nos imaginaires.

Elle est une part incontestable du patrimoine culturel

Enfin, elle est graphiquement très belle…

 

 

 

 

I

    L’exposition                

                 

Dans une grotte perdue au fin fond de la Dordogne, il y a environ 17 000 ans, des hommes vêtus de peaux de bêtes, commencèrent un jour à tracer sur des parois de roche ce qu’il est convenu de considérer comme la première œuvre d’expression graphique.

Quelque 17 millénaires plus tard, le dessinateur de bande dessinée a remplacé le charbon de bois par le pinceau ou la plume, et la pierre par le papier, mais il trace encore sur sa feuille la courbe de ces cornes qui finalement doit bien représenter pour les humains que nous sommes, une émotion, une croyance, un mythe ou une attirance esthétique.

 

En racontant depuis les origines, ce que peut représenter le taureau en tant qu’élément de dessin et d’histoire c’est une nouvelle approche qui se dessine. Décalée et ludique ce travail montre à travers les choix des créateurs et des scénaristes ce que le taureau peut représenter dans l’imaginaire populaire. 

 

 

 

 

Privilégiant l’image sur le texte et sur l’analyse, cette exposition davantage graphique que tauromachique présente une large sélection de cases agrandies et reproduites numériquement sur des supports souples, qui s'adaptent à toutes les conditions d’exposition et de stockage. Une trentaine de panneaux sont prévus.

 

Un important travail de classification et de recherche sur la collection, a permis d’en recenser 832 titres. Ils seront répertoriés dans le catalogue de l’exposition qui réunit en outre différents textes sur le sujet.